Longtemps j’ai cru qu’il suffisait d’un spectateur qui disait “j’ai aimé “ pour déclarer que le public avait bien aimé.
Bizarrement, personne ne venait jamais me voir pour exprimer sa détestation du spectacle.
Peu à peu j’ai compris qu’il fallait que j’écoute la partie la plus silencieuse du public, celle qui s’en va sans rien dire.
Mais il y a aussi celles et ceux qui vous remercient, ceux -là, j’ai compris qu’ils étaient simplement polis.
Au bout de cinquante ans de théâtre, je crois savoir enfin décrypter les réactions d’un public.
Hier soir, ou plutôt ce matin puisque la Nuit Unique se termine à 6 H du matin, j’ai senti que nous avions produit une séance “magique” ; les gens venaient vers moi avec un seul qualificatif “INCROYABLE” et je les sentais émus pour de vrai, sans chichi.
Oui il s’était passé quelque chose de rare, un état de grâce avait envahi toute la distribution ( dix artistes et 3 techniciens).
Moi -même tout en jouant je me sentais léger et fluide.
Il nous aura donc fallu trente quatre représentations pour que la NUIT UNIQUE trouve enfin son régime de croisière.
Rappelle -toi, c’était à Brest aux Capucins .
Le public était jeune et fervent, l’émotion circulait.
Il y a des jours où le théâtre vaut la peine.
Pourquoi ces chants russes sont-ils si telluriques et aériens à la fois, dites-moi ?
Au plaisir de se revoir
Galaad Le Goaster